Deuxième lettre ouverte d’un retraité d’Oyo à Sassou

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Revoici  papa Obambi, du fin fond de son Oyo natal. Encore plus fort et plus drôle que dans sa première lettre, Papa Obambi n’est pas seulement mécontent. Il est aussi bourré d’humour. Il se démarque de Sassou et des autres mbochis et le dit avec ses mots.

Sassou m’a ‘’tuer’’. J’ai décidé de sortir encore de ma réserve pour dire aux Congolais que tes bêtises n’engagent en rien tous les mbochis.  A cause de toi Sassou, aujourd’hui, le pays risque encore de sombrer. Tu es vraiment malade. Ton projet de référendum, retire-le. Le peuple n’en veut pas. Retire-le s’il te plaît parce que, ce que je vois ici à Oyo, la nuit tombée, derrière comme dans ma maison, ce sont des scènes épouvantables. Je ne dors presque plus. Jamais dans ma vie, je n’ai vu des choses pareilles.  Je vois des gens dans la peau d’animaux. Oui, écoute-moi bien, dans la peau d’animaux-totems de chez nous, venir me parler toute la nuit et ne s’en vont qu’aux aurores. Mon dieu, je n’en peux plus. Te voilà prévenu.

J’ai pris le recul et analysé ton parcours, mais je me suis posé la question de savoir d’où te vient cette soif de pouvoir. Chez nous les mbochis, le sang est sacré, sauf chez toi. Comment tu fais ? A cause de toi, Sassou, les Congolais nous prennent pour des sauvages dans ce pays. Des barbares. Des gens qui n’ont aucune éducation et qui passent tout leur temps à tuer leurs frères. Tu m’entends ? Oui, des frères, pas des ennemis parce que mbochis, tékés, bomitabas, bakongos, vilis, bémbés, ndzabi…nous sommes des fils du même pays.  Et ils ont toutes les raisons de le penser quand on sait que tu as tué Marien Ngouabi pour le pouvoir. Tu as tué Massamba Debat pour le pouvoir. Je ne cite même pas ceux que tu as empoisonnés et qui te faisaient de l’ombre. Tu as chassé Lissouba du pouvoir en te servant d’un alibi fallacieux, comme quoi tu dormais pour toi et on est venu te chercher. Mon œil ! Tu as déclenché une guerre terrible en tuant des milliers de Congolais  pour revenir au pouvoir. Et te voilà aujourd’hui, encore prêt à le faire avec ton projet de changement de constitution dont tu vois très bien que le peuple ne veut pas. Mais qu’as-tu avec le sang des autres, toi Sassou ? Imagine-toi un seul moment ta douleur lorsque tu avais perdu ma petite-fille Edith Bongo. Est-ce que tu peux imaginer cette même douleur des parents dont les enfants sont des victimes de ta soif de pouvoir, la douleur de tous ces Congolais orphelins dont la vie a basculé parce que leurs parents ont été tués à cause de toi ?

Quand on te regarde toi, Sassou derrière tes costumes toujours impeccables, on ne peut pas imaginer que derrière tes apparences douces, se cache un grand monstre. Oui je dis bien un monstre et je ne retire rien. Viens me tuer ici à Oyo, je m’en fous, vu le temps qui me reste à vivre, j’aurais dit des choses qui me pèsent depuis, pour soulager ma conscience.

Tu es resté 32 ans au pouvoir, ça ne te suffit pas ? Puisque tu veux être le roi du Congo, mais en 32 ans, tu aurais pu faire du Congo un paradis comme ces pays du Golfe où ils ne manquent de rien. Avec l’argent du gaz et du pétrole, là-bas, les rois ont donné du travail à leur peuple, construit des écoles, des hôpitaux modernes, des vraies infrastructures. Au lieu de ça, tu as fait le contraire en volant l’argent des Congolais. Mais qui a dit que dans ce pays il n’y a que les Nguesso et les Sassou qui doivent absolument être présidents ? Dans ce pays, nous avons connu Opangault, Youlou, Massambat-Debat, Ngouabi, Yhombi, Lissouba, jamais on a entendu parler de leurs enfants, jamais ils n’ont exposé leurs parents comme tu le fais. Mais pour qui te prends-tu ? Tous tes enfants et parents que tu as placés partout, à part voler, ils ne savent rien faire d’autre. C’est tout le problème du Congo. Vas dans tes administrations de merde pour t’en rendre compte. Rien ne fonctionne. J’ai honte d’être mbochi.

Sassou, tu prends les Congolais pour des imbéciles ou quoi là ? Tu leur demandes d’aller au référendum alors que tout le monde sait que tu n’as jamais gagné la moindre élection dans ce pays sans tricher. Au référendum, tu tricheras aussi comme tu en as l’habitude.

Fulbert Youlou que j’ai connu, disait que le Congo sera dirigé un jour par un fou.  Et je crois que ce fou, c’est toi, Sassou. Comme ça, tu appelles les Zairois, tu les payes avec l’argent des Congolais, donc mon argent à moi Okouéré, pour remplir tes meetings, tu achètes des marinières et tu les leur distribues. Mais tu as des sérieux problèmes toi, Sassou. L’argent des Congolais, est ce que c’est ton argent ou celui de ta famille ? Mais les connards dans cette histoire, ce sont les Congolais qui te laissent faire, toi et tes enfants. En les regardant à ta télé, à ton meeting qui a fait flop au boulevard des armées, j’étais mort de rire. Je me suis dit voilà ces imbéciles qui dansent parce qu’on leur a donné 3000 francs et des tee-shirts alors qu’ils auraient pu avoir une vie meilleure si toi et tes enfants ne volaient pas leur argent. Et ces connards viennent applaudir ceux qui les baisent depuis 32 ans. Ah, ce pays est foutu. 

Moi, Paul Obambi, fils d’Okouéré, je te dis que les gens qui t’entourent ne t’aiment pas. Chez nous les mbochis, les gens qui t’aiment sont ceux qui te disent la vérité quand tu te trompes, même quand cette vérité est dure à entendre et fait mal. Tu devrais te méfier des gens comme les Firmin Ayessa, Moudoudou, Théophile Obenga, Thierry Moungala, Bienvenu Okiemi, Hellot Mampouya et tous les autres qui cautionnent ta bêtise. Mes fils-là te disent toujours oui, oui, oui chef, mais où tu as vu un chef qui a toujours raison ? Je n’ai pas fait de longues études comme eux, mais j’ai encore toute ma tête. Ces gens-là sont dangereux. Regarde Théophile Obenga qui déclare qu’il n’y a que toi, pour diriger ce pays, mais quand tu vas mourir, tu emporteras le Congo avec toi dans ta tombe ? Comment mon fils Obenga peut-il vraiment dire ce genre de conneries ? Et c’est lui, Obenga qui te critiquait quand tu as construit un mausolée à un colon. Ah les intellectuels de ce pays sont des bon-à-rien. J’en rigole encore. Au fait, comment peux-tu construire un musée à un colon ? Tu es complexé à ce point ? Et tout ça avec l’argent des Congolais, mais tu es malade toi, Sassou.

Je salue la bravoure de mes enfants. Parfait Kolélas, Okombi Salissa, Claudine Munari et d’autres encore que j’ai oubliés. Ceux-là au moins t’ont clairement dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec toi, et ont abandonné leur fromage gras du gouvernement. Je sais qu’ils ne sont pas condamnés à ne manger que le mongwélé et le mukalu comme moi et les millions de Congolais que tu affames, mais ils sont courageux de claquer la porte du pouvoir et de l’argent (facile) volé. Et ils ont raison d’ailleurs. L’histoire leur donnera raison.

Sassou, tu nous parles de démocratie dans ce pays, mais de qui te moques-tu, quand on voit que tous ces jeunes qui sortent dans la rue pour manifester pacifiquement, sont arrêtés par la bande à Ndenguet ? Ah celui-là va mal finir avec toi. Mon fils Jean François Ndenguet est du mauvais côté de l’histoire. Il aura des comptes à rendre aux Congolais, j’en suis sûr, parce que moi Paul Obambi, j’écoute la rue qui gronde et je te dis Sassou, tu n’en as plus longtemps, contrairement à tout ce que tes lèche-culs te disent.  C’est vrai que les temps ont changé. Je regrette l’ancien Congo que j’ai connu. Ce Congo où il y avait des vaillants militaires comme les Diawara, Kinganga et d’autres encore. Pas ces femmelettes nommées tous colonels ou généraux, payés pour rien et qui laissent faire alors que le pays part en couille. Même si, ce sont tous nos parents mbochis, je leur dis que ce n’est pas normal de rester les bras croisés alors qu’un seul individu, toi, Sassou, tu es le problème de ce pays.

Paul Okouéré Obambi.