Jeux africains : Des Jeux sans public

L'escrime, une discipline inconnue des Congolais : résultat, trois pelés et un tondu sur les gradins...

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Les Jeux africains se poursuivent à Brazzaville jusqu’au samedi 19 septembre, date de clôture, dans l’indifférence quasi générale des Congolais. L'image de la cérémonie d'ouverture dans un stade où les officiels faisaient face à des gradins vides est restée gravée dans toutes les mémoires. Pourtant le Congo a investi des milliers de milliards de francs CFA dans les infrastructures sportives destinées à accueillir cet évènement qui fêtait cette année le 50è anniversaire de sa création.

Les Jeux africains se poursuivent à Brazzaville jusqu’au samedi 19 septembre, date de clôture, dans l’indifférence quasi générale des Congolais. L'image de la cérémonie d'ouverture dans un stade où les officiels faisaient face à des gradins vides est restée gravée dans toutes les mémoires.

L'escrime, une discipline inconnue des Congolais : résultat, trois pelés et un tondu sur les gradins...

Pourtant le Congo a investi des milliers de milliards de francs CFA dans les infrastructures sportives destinées à accueillir cet évènement qui fêtait cette année le 50è anniversaire de sa création. On se rappelle que la première édition de ces Jeux s’était tenue précisément à Brazzaville. En 1965, sur fonds propres le Congo avait alors construit le stade de la Révolution, rebaptisé stade Alphonse Massamba Débat.

Cette année 2015, le Congo a mis les petits plats dans les grands. Après avoir exproprié sans ménagement et sans bourse délier des centaines de propriétaires et occupants de certains terrains, l’Etat a construit un luxueux complexe sportif à Kintélé, situé à une quinzaine de kilomètres de Brazzaville, dont un stade de 60 000 places.

Un stade à moitié vide

kintele

Si de l’avis général les équipements sportifs sont à la hauteur de l’évènement, de même que l’organisation malgré certains couacs, le public, lui, est aux abonnés absents. Eloignement du site de Kintélé comme le laisse penser le ministre des Sports Léon Opimbat ? Même pas, puisque certaines disciplines qui ont lieu au stade Alphonse Massambat Débat, à Makélékélé ou à Talangaï ne connaissent pas plus d’affluence. Le vide dans les gradins des stades est devenu tellement gênant aux yeux de l’opinion internationale que la présidence de la République a dû publier un communiqué pour inciter son personnel à aller faire nombre. Ces derniers jours le ministre Opimbat a décrété l’entrée libre au complexe sportif de Kintélé, expliquant que le déficit financier serait « couvert par la présidence de la République ». Ce prétendu « cadeau du président » suffira-t-il à drainer les foules dans les stades ? Rien n’est moins sûr et cela pour plusieurs raisons.

Il y a avant tout l’impopularité du régime de M. Sassou dont le nom a été associé à ces jeux par la propagande orchestrée par le pouvoir.

Dès lors, boycotter les épreuves sportives est devenu pour la population un signe d’opposition à un régime qui a en grande partie confisqué à son propre profit cet évènement, confiant, à titre d’exemple, le marché de la restauration des 8000 participants et la communication aux enfants du chef de l'Etat. Une sorte de blanchiment d’argent au seul bénéfice d’un clan, celui installé depuis des années au pouvoir.

En outre, la population congolaise, qui vit dans un grand état de misère s’indigne de voir l’Etat consacrer des milliards de francs CFA à des infrastructures qui ne lui profitent pas immédiatement.

Enfin les plus grandes vedettes du sport africain n’ont pas fait le déplacement de Brazzaville, sans compter que mis à part le football, la boxe et le hand-ball les autres disciplines sont assez peu populaires dans le pays.

Dans quelques jours donc, les lampions de ces Jeux s’éteindront. M. Sassou, après l'échec cuisant qu'il a subi dans sa volonté de faire venir le pape François à Brazzaville, histoire de se tenir à ses côtés lors d'une grande messe pour la paix qu'il avait prévue d'organiser... à Kintélé, après le voyage de ce dernier à Bangui en novembre prochain, pourra s'atteler à troubler la quiétude des Congolais en annonçant l’organisation du référendum constitutionnel. Un référendum pour mourir au pouvoir. Après les Jeux, les morts, comme à Kinshasa hier ?

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