Sassou invente son Guantanamo pour coffrer ses opposants

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Sassou voulait en faire une belle vitrine de sa nouvelle République. Pari gagné, car de mémoire de Congolais, jamais ses cachots n’auront compté autant de détenus politiques, qu’il ose, avec un sacré culot et tout le cynisme d’un criminel parfaitement assumé, traiter de délinquants primaires.

Une maison hors norme pour pensionnaires hors norme triés sur le volet. C’est le dernier joujou à la mode du potentat congolais pour parquer tous ses emmerdeurs d’opposants, qui ne se sont jamais faits à son idée complètement barjo selon laquelle, le pouvoir est au bout du fusil et comme un gibier pris dans le filet familial. J’y suis, donc j’y reste, d’après lui, quoique vous fassiez.

 Sassou voulait en faire une belle vitrine de sa nouvelle République. Pari gagné, car de mémoire de Congolais, jamais ses cachots n’auront compté autant de détenus politiques, qu’il ose, avec un sacré culot et tout le cynisme d’un criminel parfaitement assumé, traiter de délinquants primaires pour avoir osé s’opposer successivement à son coup d’Etat constitutionnel maculé de sang, puis à son hold-up électoral à la Ali Bongo et lequel, souvenez-vous, avait fait couler beaucoup d’encre.

Depuis lors, la dictature de Sassou a fait peau neuve et sorti toutes ses griffes. Pour s’en convaincre, voici un bel endroit pour se mettre complètement au vert, dépaysement garanti. Murs dégueulasses, couloirs délabrés, odeurs acres et barbouzes à la solde du tyran disséminés dans des coursives, prompts à vous faire la peau pour des broutilles. On y entre toujours OK, on en ressort généralement KO.

 Souriez, vous êtes à la maison d’arrêt de la capitale du Sassouland, le nouveau Guantanamo du tyran pompier pyromane, réputé pour être les hauts lieux de la machine à broyer les opposants au régime et l’endroit de la torture par excellence. Avec ses traitement sordides en tous genres, les malheureux pensionnaires et cobayes d’un nouveau genre ont de quoi s’occuper nuit et jour sans voir le temps passé, soumis à des nouvelles techniques de tortures à la mode et à celles qui ont fait leurs preuves par le passé. Ici, vous allez prendre un peu d’humeur et saurez apprécier l’ostracisme d’un tyran dans toute sa démesure.

 En ces lieux, des centaines de jolis spécimens exhibés comme des prises de guerre.  Pour ne citer que les plus connus, c’est ici que croupissent dans de minuscules cellules, d’illustres figures telles, Jean Marie Mokoko, l’ancien conseiller et un des vainqueurs déchus de la mascarade présidentielle, abandonné à son triste sort par un peuple ingrat qui a pourtant fait des pieds et des mains pour que ce général se lance dans la bataille. On y trouve aussi, Marcel Ntsourou, l’ex numéro 2 des renseignements de ce système stalinien, tombé en disgrâce. Ou encore Paulin Makaya, condamné pour avoir pris la tête d’une marche pacifique contre le référendum, comme l’y autorisait la constitution.

Donneur de leçons chez les autres, criminel chez lui. Voici le vrai visage de ce VRP aux apparences lisses et à qui on donnerait le bon dieu sans confession, chargé de parler des droits de l’homme et de la médiation pour prévenir les conflits dans certains pays  du continent. C’est l’hôpital qui se moque vraiment de la charité.

Pour ceux qui seraient tentés par l’aventure de la maison d’arrêt. Rien de plus simple. Oko Ngakala, Pierre Mabiala ou Thierry Moungalla ont le modus operandi.  Il vous suffira de critiquer les dérives autocratiques et claniques d’un tyran, contester les viols à répétition de ses nombreuses constitutions taillées sur mesure, dénoncer ses sempiternelles entourloupes électorales entachées de fraudes qui lui permettent de rester éternellement au pouvoir,  lui contester toute autorité tirée de l’illégalité de son pouvoir criminel, et vous y voilà : Coupable du motif imaginaire réchauffé au goût du jour, d’atteinte à la sûreté de l’Etat du Sassouland.

 Mais, une fois n’est pas coutume. Je n’ai pu résister à cette envie incompressible de filer un  coup de main à cette dictature. Je vais me faire violence en m’improvisant porte-parole de dame Soudan, la nouvelle « ministre » du tyran en charge du tourisme, qui, malgré tous ses efforts et toute sa bonne volonté,  peine à drainer les foules pour remplir les objectifs fixés par son patron. Diversification de l’économie oblige dans  la nouvelle République des couillons,  je lance ici un vibrant appel aux touristes du monde entier pour venir au Sassouland visiter le Guantanamo du tyran. Je vous le dis, ça vaut bien le détour. 

La plume libre !

Diaz Mahindou